Ma voisine , 90 ans, est partie depuis 11 mois en région parisienne , dans une maison de retraite près de chez ses enfants. Je l'avais prise sous mon aile, l'emmenant en courses trois fois par semaine , n'allant jamais au restaurant sans la prendre avec nous et en l'invitant ...tant et si bien qu'elle avait fini par trouver cela normal. Elle s'était ensuite imposée trois après midi par semaine pour faire la causette de 14h à 16h. Elle me cassait l'apès midi mais je n'ai jamais osé lui dire. Je l'ai aussi supportée en voyages , là elle payait sa place mais quand même elle ne me permettait pas de voir tout ce que j'aurais voulu car elle n'était plus très rapide.
Malgré cela j'étais triste de son départ et j'avais le coeur serré lorsque regardais sa maison fermée. Elle avait fini par ne plus donner de ses nouvelles alors qu'elle avait dit préférer appeler car sinon nous l'aurions dérangée dans ses nouvelles occupations. Une voisine qui lui portait presque chaque jour son dîner a fini par l'appeler pour lui dire qu'elle avait vu le panneau " vendu " sur sa maison. Il lui fut répondu que cela ne la regardait pas, qu'elle ne pensait jamais à son ancien village et que sa vie était à Paris où elle était très bien. C'est rassurant mais pas très amical ! Il va sans dire que cette attitude si peu reconnaissante nous a choqués...et les langues se sont déliées. Elle passait le plus clair de son temps à guetter ce qui se passait chez les autres pour aller ensuite le colporter de maison en maison. C'est comme cela que j'ai appris que c'est elle,mon ex-voisine, qui avait donné à la folle-furieuse tous les renseignements sur ma vie privée, renseignements que la folle me jetait ensuite à la figure en les accompagnant de propos orduriers. Ce calvaire de trois ans c'est à elle que je le dois !
Alors que je me suis toujours interdit de porter un jugement sur ses actes, j'ai commencé à repenser à bien des choses et ma conclusion est que je réchauffais un serpent dans mon sein. Vous pensez que là j'exagère ? Je vous raconte . Son mari n'était pas alcoolique, c'était le stade au-dessus : une véritable éponge. Lorsqu'il a enfin accepté de voir un médecin ce fut pour une hospitalisation immédiate. Ses analyses et radios partaient à Montpellier pour montrer aux étudiants en médecine ce qu'était un cas extrême d'alcoolémie. Bien sûr pas question d'en parler à ma voisine qui nous assurait qu'elle avait un mari parfait, qui faisait son ménage, lui portait le café au lit...bref une perle !
Contrairement à elle, je n'ai jamais caché que mon Ex était éthylique. J'ai donc fait semblant d'évoquer mon expérience passée pour lui dire que lors d'une désintoxication il était impératif de ne lui donner aucune boisson alcoolisée sous peine de provoquer ce qui ressemblait à une crise cardiaque.
Bien sûr c'est à nous qu'elle a demandé de la conduire voir son époux à la clinique.Elle a insisté pour que nous allions avec elle dans la chambre et là , sous mes yeux exorbités elle a sorti une bouteille de Duvel , une bière belge plutôt forte. Immédiatement le mari s'est jeté dessus pour la boire au goulot. J'étais anéantie mais que faire? J'ai prétexté une envie urgente et suis sortie mais je n'ai réussi à voir personne dans ce service. Lorsque nous sommes rentrés j'ai dit à l' Hom qui ne comprenait pas ma contrariété : " Si ce je pense est vrai, demain matin Claude est mort "!
Le lendemain à 7h j'avais une voisine en pleurs qui sonnait à ma porte pour me demander de l'accompagner dans toutes les démarches notamment retenir le crématorium.
Je ne sais pas qui sont nos nouveaux voisins mais cette fois je compte bien n' avoir que des rapports de bon voisinage sans familiarité aucune. Chat échaudé ...