De nombreuses années plus tard, j'ai fini par quitter l'Education Nationale , l' Hom a pris sa retraite, nous sommes venus vivre dans le sud de la France et Junior a fêté ses 18 printemps. Dès que nous avons un moment l' Hom se met au volant du 4x4 et nous allons explorer la montagne Noire voisine. Le minervois offre des paysages de collines jusqu'au plus haut sommet : le pic de Nore 1210m. Ce jour-là lorsque nous arrivons, c'est une vision printanière qui s'offre à nous : les flancs de la montagne ( une colline en fait ) sont couverts de jonquilles sauvages en pleine floraison. Nous cherchons un endroit pour garer le véhicule et ne pas gêner sur cette route très étroite et nous voilà partis à pied pour jouir du spectacle. En contre bas une prairie avait été complètement labourée par une famille de sangliers. Nous avons lâché Bérénice, notre caniche nain, qui batifole sur les traces des sangliers mais aussi des lièvres et lapins abondants dans le coin. Nous marchons un moment et je suggère qu'un bouquet de jonquilles me ferait plaisir à la maison. Après une courte discussion, nous arrivons à la conclusion que cueillir les jonquilles sauvages ne peut pas être un délit. Les fleurs ont des tiges nettement moins longues que les jonquilles cultivées mais j'ai déjà en tête le vase qui les recevra de façon parfaite. Nous nous aventurons sur la pente fleurie quand un bruit attire notre attention. Pas de doute, il s'agit du chant de l'eau. En cherchant un peu nous finissons par trouver dans l'herbe assez haute un ru qui dévale joyeusement la pente. Sa largeur est d'environ 60cm. Il doit s'agir d'une des nombreuses sources de la montagne, surtout en début de printemps.Il n'a pas creusé de lit, se contentant de courir sur l'herbe. Nous sommes en train de discuter quand Bérénice traverse le ru. Immédiatement Junior veut aller la récupérer mais j'interviens . Il est chaussé de tennis et va avoir les pieds trempés dans l' eau glacée. J'avais vérifié en posant la main à plat ! Là, mon grand gaillard me dit qu'il ne compte pas marcher dans l'eau mais sauter par-dessus le ruisseau....et pour faire le fier à bras, il décide de le passer à pieds joints. Je suis en train de lui expliquer que l'herbe humide aux alentours est très glissante mais il adéjà pris son élan . En un éclair je l'ai vu bondir dans les airs, retomber de l'autre côté du ru, glisser, perdre l'équilibre et se retrouver couché sur le dos dans le ru ! Pas besoin d'aller chercher Bérénice : dès qu'elle a vu tomber son Junior chéri elle est accourue pour lui lécher le visage. L' Hom est allé tendre la main à mon fils pour qu'il se relève, le chien dans les bras. " T'as rien pour me sécher ? " " ma foi non, je n'avais pas prévu un épisode piscine !" La seule solution est de remonter le plus vite possible dans la voiture et de filer à la maison pour qu'il se lave, se sèche et se réchauffe. C'est quand il est revenu dans le séjour et que j'ai été complètement rassurée sur son sort que j'ai réalisé que mon vase était vide...je n'ai pas eu mon bouquet de jonquilles ce jour-là. Elles ont continué à égayer les bords de la petite route de montagne.