Les espoirs de Paulette étaient les grandes vacances : toujours avec lui, elle espérait qu'il ne la laisserait pas pour courir les cafés. Mais c'était compter sans Nathalie qui abreuvait son fils afin qu'il ne perde pas ses forces. Un alcool sec le matin pour démarrer, deux ou trois apéritifs avant le déjeuner pour lui donner de l'appétit, de nombreux verres de ce délicieux vin qu'elle faisait venir de chez un négociant de Narbonne : le Cartelou ! Et quelques bières avant les apéros du soir...La délivrance vint lorsqu'elle arriva à le décider de louer, de préférence à la montagne. Paulette avait trouvé à Valloire la location d'un petit appartement. La splendeur des paysages, les longues marches pour découvrir la faune ( les marmottes, les chamois et bouquetins mais aussi les aspics ! ), la flore ( les rhododendrons, les gentianes, les edelweiss...) et le berger solitaire qui passe son temps à fabriquer des petits fromages tellement goûteux. Quelques évasions en voiture aussi pour passer les cols dont parlait le Tour de France : le Télégraphe, le Galibier...suivis de tous les autres. Toutes ces occupations les ravissaient tous les deux au point que cette année là il fut presque sobre pendant 3 semaines. Ces 21 jours permirent à Paulette de découvrir que son mari était gentil et bien que un peu agité ( il était en manque ! ) c'était un moment de bonheur pour Paulette. Oh, il n'était pas amoureusement empressé mais de le sentir presqu'ami remplissait de joie le coeur de Paulette. Elle en venait même à espérer que l'amour allait s'installer. Hélas le retour et la reprise du travail replongea André au plus profond de son vice.
Paulette était à présent bien habituée dans son chalet, elle avait même fait construire, un peu en retrait derrière, un garage prolongé par une arrière cuisine et une remise où elle entreposa le charbon. Dans l'arrière cuisine elle avait ré-employé sa cuisinière à charbon ainsi que quelques vieux meubles en chêne récupérés chez les parents. Elle y avait fait creuser une petite cave pas très profonde où étaient stockées les bouteilles. Elle entretenait son chalet avec amour. Un jour, des lointains cousins de Nathalie, venus de Moissac voir leurs vieux parents, sont venus en voisins chez Nathalie et ils demandèrent à faire la connaissance de Paulette. Au moment où ils frappèrent à la porte, celle-ci était juchée tout en haut d'un escabeau, un carton protecteur dans la main gauche et le pinceau dans la main droite, elle peignait les tuyaux du chauffage central récemment installé. Ces tuyaux étaient brut et passaient sous le plafond. Elle les enduisait d'une peinture spéciale, pouvant supporter la chaleur. Les visiteurs étaient stupéfaits « Quand je pense que tu nous disais qu'elle restait enfermée chez elle et que tu te demandais à quoi elle pouvait bien passer son temps ! Et bien elle s'occupe de façon utile et bien des gens, dont ton fils, pourraient la prendre en exemple » Le visage de Nathalie n'était plus que haine..