Et le miracle eut lieu ! Tandis qu’elle arborait un petit ventre rond , Yvonne s’activait à confectionner une layette bleue ; Elle préparait aussi avec amour et entrain la petite chambre pour le retour de son fils . Ses amies avaient bien essayé de lui laisser entrevoir que le bébé serait peut-être féminin , Victor aussi évoquait la joie qu’il aurait à entendre babiller une fille dans la maison . Impossible ! Dieu , après lui avoir repris son père puis son fils , ne pouvait que lui envoyer un fils . D’ailleurs ce serait Jean puisqu’elle considérait l’événement comme un retour . Dans la douceur d’un matin de mai , Yvonne ressentit les premières contractions . Le médecin , prévenu à la hâte , tint à accoucher lui-même Yvonne provoquant ainsi le profond mécontentement de la sage femme . A l’époque les bébés naissaient chez les parents , ce fut donc dans la chambre parentale que Paulette poussa son premier cri. La joie d’une naissance sans problème fut de courte durée lorsque l’assistance découvrit le sexe du bébé . Tout le monde s’affairait : le docteur autour du placenta , la sage femme ( qui avait voulu rester quand même ) faisait consciencieusement la toilette du nouveau-né , Victor épongeait le front de Yvonne en lui répétant inlassablement qu’elle avait été courageuse , formidable ….Lorsque le calme revint petit à petit , il fallut présenter à Yvonne le paquet d’où émergeait une tête rougeaude et flétrie . « Mon Jean , mon chéri , tu es de retour près de maman ….
C’est le médecin qui d’une voix douce mit les choses au point : « Vous pouvez l’appeler Jeanne car vous avez une délicieuse petite fille Yvonne ….
Les bras , que Yvonne levait pour accueillir Jean sur son cœur , retombèrent sur les draps . Un silence glacial s’installa dans la pièce . Ce fut la sage femme , pressée, à présent que le travail était fini, de rentrer chez elle , qui lança d’une voix enjouée : « Je la dépose où la poupée ….
_ Le plus loin possible de ma vue » fut la terrible réponse de Yvonne .