2 ) Retour catastrophe
Cela avait commencé peu après notre installation dans l'avion du retour, à Hô Chi Minh Ville. Brusquement l'Hom s'est mis à claquer des dents, frigorifié. L'hôtesse a demandé " y a-t-il un docteur dans l'avion ? " et immédiatement cinq personnes se penchent sur l'Hom ...tous américains. Le diagnostic tombe : "coup de froid " , ils lui font avaler un cachet qui le calme. Mais lors du transfert à Bangkok il n'est pas question de suivre les autres. Voilà l'Hom installé en fauteuil roulant et moi qui trottine derrière. Nous sommes passés là où seul le personnel est autorisé . Nous voilà dans le centre médical de l'aéroport et les examens commencent . Résultat : coup de clim à n'en pas douter , ils lui prescrivent un traitement . Je devais avoir l'air très inquiète ( pour l'avion que nous devions prendre ! ) car voilà qu'ils veulent aussi m'ausculter ! Je me défends et enfin ils nous libèrent. Je dois reconnaître qu'ils ont tous été super ! Un grand merci à eux !
Nous avons retrouvé l'avion du retour sans souci... enfin presque ! Nous étions cinq de la même famille et ne nous voyant pas arriver, les trois autres ( dont Junior ) avaient refusé d'embarquer. L'hôtesse a lancé un appel et nous les avons bientôt vus arriver. L'avion pouvait s'envoler vers la France .... enfin, c'est ce que nous pensions. Il y a d'abord eu un grand bruit, telle une déflagration puis l'avion est descendu de 7000 m d'un coup et des flammes sont apparues au hublot : nous avions un réacteur en feu ! Immédiatement le personnel nous a tenu au courant et pas un mouvement de panique n'est à signaler. "Sorry " le commandant de bord nous informe que l'Inde que nous survolons refuse de nous laisser atterrir ! Au bout d'un moment il nous apprend qu'un aéroport accepte de nous recevoir : Karachi au Pakistan !
Nous sommes descendus de l'avion entre une haie d'honneur de guerriers barbus tenant une mitraillette à la main; Ils ont confisqué tous nos passeports et ont scindé le groupe en nous répartissant dans des minibus très décorés avec de jolis petits rideaux. Nous avons ainsi roulé sous la curiosité des habitants, pendant 17 km qui nous parurent interminables.
La compagnie aérienne Thai avait réservé pour nous le Shératon où tout le personnel avait reçu le mot d'ordre " faites-leur oublier le stress ". Nous avons été royalement chouchoutés dans ce bel hôtel ! Le portier nous faisait des courbettes avec un grand sourire.
La chambre spacieuse avait tout le confort . Un choc pourtant en voyant le barbelé qui grillageait nos fenêtres . Renseignement pris : c'est pour empêcher les aigles de venir briser les vitres en voulant entrer. C'est aussi la première fois que j'ai trouvé un tapis de prière dans mon placard et la flèche dorée au plafond qui indique la Mecque.
La salle à manger était immense et les buffets proposés pantagruéliques !
La chef de notre étage a même proposé des excursions en ville. Sans passeport je n'ai pas osé. Ceux qui y sont allés ont avoué n'avoir pas pu voir grand chose .
Nous avons reçu le lendemain un avis de la Thai comme quoi un nouvel avion est mis à notre disposition. Nous reprenons place dans les minibus avec un arrêt. Un policier ne voulait pas nous laisser passer si nous ne lui donnions pas des cigarettes. Un seul fumeur dans le bus qui a eu la gentillesse donner son paquet. Une fois à l'aéroport nouvelle haie de barbus en armes et là séparation : les hommes d'un côté, les femmes de l'autre . Il nous a fallu passer une par une dans une petite cabine où se trouvait une géante mitraillette au poing et une dame qui nous a fait la fouille au corps. humiliée mais ravie d'être sortie de là, j'ai enfin pu récupérer mon passeport !
Une fois la dame, qui jurait ne plus jamais vouloir prendre un avion de sa vie, calmée le voyage s'est déroulé sans histoire. C'était d'un calme !
C'est à ce moment que nous avons repensé au bonze du jardin public : nous avions eu ses nombreuses bénédictions et elles n'avaient pas été superflues !