La toute première fois que j'ai mis le pied en Languedoc-Roussillon ce fut au mois d'août . J'arrivais tout droit de mon Nord natal et à part un raisin de table en treille dans une véranda, je n'avais jamais vu de vigne en pleine terre.
Tous ces vignobles qui s'alignaient à perte de vue devant moi était une découverte. J'avais demandé à l'ex de rouler au pas pour mieux voir. Soudain , mes yeux s'habituant à la lumière ardente du soleil, je cru distinguer des taches foncées entre les feuilles .
" Arrête-toi " , il s'éxécute et vite je descends de voiture pour aller voir de plus près. Je soulève délicatement une feuille pour découvrir une grappe lourdement chargée et d'un bleu violacé qui me ravit. Je fais vite volte face, me ruant vers la voiture pour en extraire mon appareil photo ( argentique à l'époque ) et je reviens toute excitée vers les ceps.
Au moment où j'essaie de cadrer la photo je distingue une ombre! Je redresse la tête : un géant coiffé d'un chapeau de paille qui part en lambeaux me tient en joue. Je n'avais jamais eu de fusil pointé dans ma direction mais je peux vous dire que j'ai vite compris la situation et que la peur m'a tétanisée. Je n'ai plus osé bouger...non je n'ai pas levé les bras car je tenais toujours l'appareil photo à deux mains ! Là le géant s'est mis à hurler : " Foutez-moi le camp" ! Choquée par cet accueil et ne me sentant pas fautive de quoi que ce soit, je me suis entendue lui répondre : " Je ne savais pas que c'était un crime de prendre des photos dans votre région ! je n'ai pas vu le panneau qui l'interdit ! " Décontenancé, l'olibrius a - enfin - baissé son arme . Il a commencé à raconter qu'il en avait assez de tous ces touristes qui venaient lui voler des quantités de grappes , beaucoup trop pour la consommation d'une famille , surtout qu'il ne s'agit pas de raisin de table. Il savait que la plus grosse partie du larcin sera jetée parceque le raisin à vin n'est pas sucré. Il ajouta que c'était le fruit de son travail que les vacanciers saccageaient ! Il me rassura : la photo je pouvais la prendre ! Il pensa me rassurer tout à fait en ajoutant que son fusil de chasse était chargé avec du gros sel... d'accord mais je n'avais pas envie d'y goûter ! Nous nous sommes quittés fort civilement et je suis revenue vers la voiture. A l'ex qui, couragement était resté collé à son volant, j'ai expliqué que dans la région ils avaient opté pour les épouvantails vivants !
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