La première fois que j'ai croisé ce père blanc c'était lors de ma dernière galère en gare de Narbonne. Après 55 minutes passées au guichet je n'avais pas réussi à obtenir un trajet Narbonne-Genève . L'employée avait même téléphoné au centre situé à Lille :" impossible, ils n'ont qu'à prendre des bus". Je fulminais et en sortant je fis part de mon ressenti à l'Hom en des termes que la décence m'interdit de nommer ici ! C'est alors que j'ai entendu rire près de moi. C'était un missionnaire en robe de bure beige clair qui nous doublait en riant. Nul doute : il avait entendu mes paroles.
La seconde fois nous décidons de retourner sur le marché de Noël. Tout en marchant nous nous retrouvons devant la porte arrière de la cathédrale Saint Just. Chaque fois que nous allons dans le vieux Narbonne l'Hom insiste pour entrer vérifier un nouveau détail , une statue, un bas-relief. Ce jour-là il fait soleil et je n'ai pas envie de rentrer dans l'édifice où nous sommes encore allés hier. Tout en marchant je décide donc de prendre les devants et annonce d'une voix ferme : " Pas la peine de demander, c'est non : tu n'iras pas prier aujourd'hui ! " L'Hom, aussi athée que moi; a bien compris que je plaisante . Mais le rire qui résonne n'est pas celui de l'Hom. Nous doublant à grandes enjambées je reconnais le Père blanc, oui celui de la gare. Il ne passe pas inaperçu avec sa haute stature ! Une fois de plus il est hilare !
Que doit penser de moi ce beau garçon qui est en âge d'être mon fils ? En attendant l'Hom se marre et attend avec impatience notre troisième rencontre !