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20 août 2012 1 20 /08 /août /2012 06:00

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La composition de géographie fut honorable et le reste de l’année scolaire sans problème majeur . Paulette avait confié la demande de Robert à son amie de collège , Maryse . Celle-ci , finaude , lui dit que c’était sûrement pour parler mariage que Robert était venu et que c’était normal , Paulette faisait plus que son âge et les garçons ne manqueraient pas de lui tourner autour . Pour éviter ce genre de situation, Paulette décida de maigrir . Elle entreprit donc de jeter régulièrement la gamelle du midi au lieu de la manger . Bien sûr , au bout de quelques semaines , Yvonne s’aperçut du changement de silhouette de sa fille et se douta de quelque chose . Aux grands maux les grands remèdes : Paulette eut droit à une consultation payante chez le Dr marié-malgré-lui . Celui-ci avait été prévenu par Yvonne du but de la visite , il essaya donc de convaincre Paulette de remanger normalement tout d’abord pour ne pas inquiéter Yvonne , une maman qui n’avait que sa fille au monde …il vit bien que Paulette n’était pas convaincue et parla alors des études , impossible de continuer à étudier si Paulette ne mangeait pas car elle deviendrait trop faible . Il avait vu juste l’argument avait porté et Paulette remangea …tant pis pour les garçons ! Mais ce qui avait poussé Yvonne à agir vite était sur un tout autre plan , c’était à cause du corset ! Fernand fumait la pipe et ne voulait que du tabac belge .. ce qui n’était pas du tout autorisé par les douanes . Victor avait alors demandé à Yvonne d’aller en chercher dans le petit magasin frontalier . Il faudrait bien sûr le dissimuler parfaitement car les douaniers fouillaient non seulement les sacs mais pouvaient aussi faire appel à une femme pour fouiller sous les vêtements . C’est tout au moins ce que racontait Suzanna .. Donc il fut décidé que Paulette ferait partie de l’expédition . Elles partaient en vélo , un petit sac léger accroché au guidon . La route macadamisée qui passait devant l’atelier du maréchal ferrant d’où s’échappaient des odeurs de corne brûlée , faisait bientôt place à un petit chemin de terre bordé de chaque côté par les hautes tiges du blé et du maïs avant de longer un petit cours d’eau appelé très justement «  le courant noir  » car les eaux qu’il charriait étaient très sombres . Les herbes folles y étaient abondantes et très hautes , elles fouettaient le visage des cyclistes . Puis il fallait traverser la rivière sur une passerelle métallique de soixante centimètres de large pas plus . Effrayée , Paulette avait d’abord pensé passer le pont à pied mais il n’était pas sensé espérer passer avec le vélo à la main . Il fallut donc serrer les dents et passer en roulant prudemment , la roue bien au milieu de la passerelle . Encore une centaine de mètres entre les hautes herbes et Paulette arriva au petit magasin «  chez Zoé  » . Les propriétaires avaient aménagé dans une pièce de leur logis des étagères où s’entassait tout ce dont les frontaliers français avaient besoin .Au fond du comptoir , une énorme presse intrigua Jeanne mais très vite elle comprit : Yvonne commença par demander les paquets de tabac de Fernand , Zoé les plaça sur le plateau de la presse et en tournant la crémaillère , les aplatit le plus possible . Puis Yvonne continua sa commande : café , sardines … Elles discutaient tout en réglant la commande . Inquiète , Paulette ne voulut pas partir sans le tabac de son grand père . C’est alors que Zoé desserra l’étau qui maintenait le tabac , Yvonne prit les paquets aplatis à l’extrême et entraîna Paulette dans l’arrière boutique . Sans commentaire , Yvonne lui enjoignit de relever sa robe et lui glissa deux paquets dans le corset . Voilà donc pourquoi elle avait tant insisté pour que Paulette porte cet engin de torture ! Yvonne fit la même chose sur elle et elles ressortirent , prirent congé de Zoé et firent le chemin inverse . Tout en roulant , Yvonne sermonna Paulette : il ne faudrait jamais dire qu’elles avaient du tabac , jamais ..surtout pas aux douaniers . Paulette était morte de peur et fut soulagée lorsqu’elles furent rentrées . Cette expédition avait lieu environ deux fois par mois , c’est toujours avec appréhension que Paulette voyait arriver le moment fatidique . Mais elles ne furent jamais fouillées et Fernand fuma son tabac préféré .

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commentaires

M
J'aime bien lire tes jolis textes souvenirs.<br /> C'est une époque que je n'ai pas connue et pourtant, va savoir pourquoi, j'en suis presque "nostalgique".
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P
<br /> <br /> Merci Memy...c'était une autre époque en effet !  Bises<br /> <br /> <br /> <br />
V
Whaouh, que d'aventures palpitantes ... malgré toi ... ;))
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P
<br /> <br /> Contre mon gré Valérie, contre mon gré    Bises<br /> <br /> <br /> <br />
A
Quelle vie digne d'un roman et d'un film ! C'est fort amusant à lire avec le recul du temps mais j'imagine bien la trouille de Paulette et la torture du corset ! D'autres méthodes de nos jours mais<br /> moins de naïveté du côté des douaniers ! Bises
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P
<br /> <br /> Mes peurs de jeunesse me font rire à présent ! Et de nos jours les douaniers ont bien évolué ! Bonne soirée  Bises<br /> <br /> <br /> <br />

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